La technique F.M. Alexander

Comment accéder à l'idéal du mouvement bien fait, du beau geste, du geste juste ?

Généralement, notre comportement et notre manière de marcher, de grimper, de skier ou de pratiquer toute autre activité, trahissent une tendance manifeste à en faire plus que nécessaire, à ne pas le faire au bon moment ou à le faire de travers.

L’application des principes de la technique F.M. Alexander, comme par exemple «le contrôle primaire», nous amène à modifier l’usage que nous faisons de nous-mêmes. Elle nous permet de mieux fonctionner dans l’ensemble de nos activités, d’être plus attentifs aux moyens mis en œuvre pour réaliser nos objectifs.

Elle nous assure la maîtrise du maintien, sans pour autant accumuler la répétition d’exercices fastidieux.

La technique Alexander offre la possibilité de s'ouvrir à la prise de conscience de soi lors de l'action, quelle qu'elle soit. La coordination psycho-corporelle et "l'usage que l'on fait de soi-même '' en mouvement, sont améliorés et permettent ainsi d'accomplir son activité avec un moindre effort.

Au service des artistes

C'est dans les plus prestigieux conservatoires de musique, de danse et d'art dramatique que cette étude est la plus fréquemment enseignée.

Car, dans ces domaines de hautes exigences psycho-corporelles, les artistes se voient confrontés à toutes sortes de ''challenges'' et d'ennuis dus aux tensions et habitudes engendrées par leurs activités. Souvent ils arrivent à un niveau très élevé de performance, mais à quel prix ?

Au service des activités les plus diverses

Bien sûr, l'apprentissage de la technique Alexander avec un professeur n'intéresse pas seulement ces champs d'application. En passant de la vie au quotidien, cela touche également les pratiques les plus hautement techniques et sophistiquées, comme le sont l'alpinisme, l'escalade, le ski, le surf et tous les sports, tous les arts, les arts martiaux, la chirurgie, la médecine, la médecine dentaire, la plaidoirie, le pilotage, l'artisanat, les travaux précis et minutieux, jusqu'aux travaux les plus lourds et les plus physiques, auxquels on peut ajouter le travail à l'ordinateur, au bureau, toutes les activités de relation avec autrui. Que l'on soit aussi bien débutant que professionnel confirmé.

En soutien pour retrouver la santé

De même, beaucoup d'affections peuvent être soulagées et la plupart des traitements peuvent être soutenus par la technique Alexander qui amène des changements décisifs dans le processus de guérison.

Les maux de dos (cervicalgies, dorsalgies, lombalgies), maux de tête (céphalées de tensions), douleurs articulaires (par exemple rhumatismes), douleurs musculaires et tendineuses (par exemple tendinites), déficits sensoriels, le traitement d'un cancer, d'une dépendance ou d'autres maladies peuvent profiter de cette aide.

Sans être une panacée miracle, l'application des principes mis en évidence par M. Frederick Mathias Alexander (1869-1955), permet à beaucoup d'activités humaines de gagner en qualité.

Cette technique ne doit pas être confondue avec la ''Bioénergie'' d'Alexander Lowen, avec ''l'Eutonie'' de Gerda Alexander ou la '' Médecine Psychosomatique '' de Franz Alexander.

La naissance d'une découverte

Après de longues recherches sur lui-même, Alexander découvre des principes qui permettent d'améliorer de manière déterminante l'usage que l'on peut faire de soi-même...

Il est évidemment nécessaire que le sujet décide volontairement de changer quelque chose et désire se transformer en vue d'augmenter ses multiples et diverses compétences.

Exerçant la profession de comédien, Alexander souffre d'une aphonie (perte de la voix). Le fait que les médecins d'alors soient désarmés et qu'ils ne peuvent pas l'aider à guérir, lui fait comprendre que c'est seulement par lui-même qu'il peut espérer résoudre son problème.

Il observe donc devant des miroirs comment il se meut en déclamant les textes à interpréter. Il constate que des habitudes néfastes l'empêchent de fonctionner normalement.

En premier, il met en évidence que la coordination générale est directement influencée par la relation dynamique entre la tête, le cou et le dos (cette condition prévaut pour tous les vertébrés).

Alexander nomme ces conditions « le contrôle primaire ou primordial », qui est la base indispensable au bon fonctionnement de notre être.

Une bonne coordination

Le contrôle conscient et constructif de l'individu mène vers un '' usage de soi-même '' plus optimal, vers une attitude plus juste. 

La liberté de la nuque, du cou (libre de tensions mauvaises et indésirables) laisse la tête prendre sa place anatomique naturelle (dans une direction allant en avant et vers le haut.)

Cette qualité permet au dos de s'allonger et de s'élargir. La musculature et les articulations peuvent être déchargées d'un état de tension et de compression exagéré.

Les appuis au sol ou à la chaise (le contact des pieds au sol et de la région fessière si l'on est assis), ont ainsi la possibilité d'être un soutien optimal. La respiration, par conséquent, devient plus complète, libérée de ses limitations.

Nous pouvons fréquemment constater qu'il ne suffit pas simplement de modifier un élément déplorable de notre fonctionnement. Mais qu'il est nécessaire de se rendre compte de l'unité de notre être, donc que le corps et l'esprit sont indissociables.

La leçon

En vue d'améliorer cet '' usage de soi '', et de profiter ainsi d'une coordination nouvelle, il faut abandonner l'emprise des habitudes réflexes. On est invité par les mains expertes de l'enseignant ''d'arrêter le faux, de manière que le juste se fasse ''.

Une stratégie adéquate et indirecte est introduite par l'enseignant en technique Alexander qui montre à l'élève comment '' inhiber '' (dans le sens de s'arrêter, de faire un stop, inhiber une réaction réflexe), afin de pouvoir s'offrir des choix par les ressources de la réflexion.

Par l'apprentissage de directions nouvelles à donner à son corps, il devient capable de réajuster les moyens de s'utiliser, à l'image d'un musicien qui accorde son instrument.

La nécessité d'inhiber une réaction habituelle, afin de se ménager la possibilité d'un choix raisonné des moyens mis en œuvre, est une façon de contrecarrer notre habitude d'aller droit au but. Cette volonté de prendre le chemin le plus court est très ancrée dans nos processus d'actions. Elle nous conduit malheureusement souvent à l'échec ou à une débauche d'énergie dans nos réalisations.

Les modes d'enseignement

L’enseignement direct, dont découle la tactique de correction de l'erreur produit un stress (entre autres, par le désir de vouloir bien-faire) qui rend généralement difficile le processus d'apprentissage.

Un cercle vicieux se met alors fréquemment en place dans ce mode d'opérer : de l'erreur, on corrige, et de la correction, on est amené à l'erreur, et ainsi de suite.

En revanche, on arrive petit à petit dans l'enseignement indirect (une pédagogie détournée du désir d'aller droit au but), par des moyens raisonnés à modifier ses habitudes, à changer l’usage général que l'on fait de soi-même, et ainsi, d'aboutir à l'optimalisation du mouvement, du geste et de la pensée.

L'élève s'initiera dès lors au '' non faire '' qui représente une expérience d'une richesse extraordinaire, indescriptible telle l'expérience de goûter de la confiture de framboises, par exemple, qui n'est pas explicable.

Je ne fais pas ce que je crois faire !

Deux obstacles principaux se liguent pour rendre notre fonctionnement difficile : l'habitude qui a déjà été citée et l'appréciation sensorielle non fiable. On pense faire ceci, et en réalité, on exécute autre chose.

Qui n'est pas surpris de se voir, en visionnant une photo, un film où il est acteur, sous un jour qu’il n'a pas imaginé.

Plus l'usage de soi est défectueux, plus l'appréciation sensorielle et le sens kinesthésique (ensemble des sensations de mouvement que nous procure notre corps) sont eux aussi défectueux.

Lorsque l'on applique consciemment l'attention et la présence à l'attitude que l'on ajuste, au contrôle primaire, la spontanéité du mouvement dans des tensions adéquates peut naître alors à partir des choix et des moyens raisonnés, car les conditions naturelles sont respectées.

vidéo à regarder : https://www.youtube.com/watch?v=UhHP1b6-yaU

La sensation, quand elle est juste, est bien plus utile que ce qu'on appelle l'esprit.

F.M. Alexander

Jean-Pierre RIEBEN
Guide de montagne
Rte de la Garde 9
CH - 1933 SEMBRANCHER

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